Nana Benz du Togo
Ils sont cinq, unis comme les cinq doigts d’une main prête à taper du poing levé sur la table et aussi à caresser la planète avec douceur.
Tous ont grandi au Togo, à quelques frontières du Bénin et du Nigéria et à quelques décennies du grand Fela, qui avait transformé en tube ce proverbe Yoruba : L’eau n’a pas d’ennemi (Water No Get Enemy). Les Nana Benz ont aussi grandi en sachant que l’eau n’a pas de prix et qu’il faut célébrer Dame Nature… Le respect de la planète et de ses habitants c’est d’ailleurs ce qui porte leur répertoire ancré dans la richesse du patrimoine vaudou, qui prône des valeurs de libération en anglais, français et en mina.
Il aura fallu de nombreuses années de travail dans l’ombre avant que les Nana Benz n’osent monter sur scène. Il y a d’abord eu cette rencontre improbable pendant un atelier musical, pilotée par Peter Solo. Les cinq artistes ne se connaissent pas encore, mais le courant passe tout de suite entre eux. Les premières pierres musicales sont vite posées. Il y a d’abord cette rythmique totalement organique, qui prend aux tripes et au bassin. L’instrumentarium des deux percussionnistes est surpuissant et 100% recyclé. Il se compose de tuyaux en PVC pour les redoutables lignes de basse (le Gazé Tuyau), et de la valise du grand-père de Toto, un VRP du vaudou qui a parcouru le monde, pour la grosse caisse puissante. Toto y a ajouté les véritables marmites de cérémonie de sa grand-mère, celles dans lesquelles on préparait les bouillies pour «les vieilles dames vaudouïsantes qui chantaient en permanence et y ont laissé leur voix ». Ce set chargé en voix d’ancêtres prend rapidement vie avec les basses du Gazé Tuyau et se fait baptiser « batterie Do It Yourself ». Sur ce groove organique gorgé d’infrabasses et de polyrythmies complexes se posent les voix de trois redoutables prêcheuses électro soul accompagnées d’un petit clavier Korg vintage.
Ce set up minimaliste, mais ô combien puissant, a mis en transe les milliers de spectateurs des Transmusicales de Rennes et bientôt du Cabaret Vert !