Véritable festival dans le festival, la scène Razorback proposera cette année au Cabaret Vert une programmation et une décoration taillées dans la pierre. Un repère de choix pour les amateurs de rock et de ses dérivés, mais aussi la démonstration vivante que les guitares s’aventurent désormais aux confins de tous les styles musicaux, même les plus urbains.
“Le rock n’est pas mort, il est simplement endormi.” Derrière la caricature et le Perfecto, il arrive à Philippe Manoeuvre d’avoir le nez fin. À l’image de cette prédiction datée de 2018 et qui se révélera donc exacte, quatre ans plus tard, durant les 5 jours et les 5 nuits de la scène Razorback du Cabaret Vert. Une nouveauté ? “Oui et non” comme le raconte Christian Allex, co-programmateur du festival.
“Les habitués du festival se rappellent sans doute du ‘Groin groin sound system’ qui proposait une ambiance ‘fin du monde” et un barbecue du tonnerre pour un décor qui aurait pu servir au tournage de ‘Mad Max’ et ‘Une nuit en enfer’. On a eu l’idée de s’appuyer sur ce lieu pour construire une scénographie et une programmation dans cet esprit rock et indie.”
Imaginez donc : conteneurs soudés les uns avec les autres ou herse magistrale qui se lève à chaque début de show. De la force et de la fureur à tous les étages. Les cinq journées ne devraient pas être de tout repos.
Heureuse planète rock
Laissons de côté le décorum quelques instants pour nous attarder sur la programmation musicale du lieu. En la matière, la scène Razorback s’érige comme celle d’une jeunesse bouillonnante, demeurant LE lieu pour en découdre pacifiquement. Elle conviera ainsi de fines lames venues de l’uni-royaume comme Wu-Lu et ses psaumes punk, Working Men’s Club et son punk discoïde ou encore les vilains Bob Vylan et leur punk colérique. Des sensations venues de l’autre côté de l’océan, comme l’espoir rap indie De’ Wayne (dont le récent single en featuring avec Poorstacy tire clairement vers le punk), ou de l’autre côté du continent comme la cold-wave gorgée d’espoir des bélarusses Molchat Doma. Elle ressuscitera les morts avec le post punk incantatoire de Vlure. Et transcendera les vivants à l’instar des hippies cramés de The Armed, nouveau vent frais et bienvenu dans le métal game.
“Avec cette scène, nous avons vraiment cherché à proposer une vision d’ensemble. Un peu comme si nous organisions un festival indie-rock en dehors de l’enceinte du Cabaret Vert. Cela a guidé nos choix et nos paris, comme celui de programmer le rappeur parisien Youv Dee parce qu’il apprécie les sonorités rock et punk”.
Pari gagnant ? Réponse le mercredi 17 août sur les coups de 22 heures 30.
Qui aura vos faveurs ?
Et puisqu’il est beaucoup question de prédictions dans cet article, reste désormais à savoir qui sera la claque de cette semaine sur Razorback ? Ou, autrement dit, l’artiste dont vous parlerez à tout le monde au bureau le lundi post-festival. Les extatiques Cassels, dignes héritiers de Mike Skinner de The Streets ? Les incandescents Mad Foxes qui devraient pousser la jouissance collective un cran plus loin ? La douceur vénéneuse de Parlor Snakes ? Une chose est ceratine, à l’heure de boucler le Razorback le dernier soir, nul doute que le WarGasm sera intense. Mais qui avait parlé de s’endormir ?
Paul B.